De quoi COVID 19 est-elle le nom ? (3)

Publié le par Thierry Ternisien d'Ouville

De quoi COVID 19 est-elle le nom ? (3)
De quoi COVID 19 est-elle le nom ? (3)

 

Automne 2017

Voilà ce j’écrivais, à l’automne 2017, en prologue à la deuxième saison de cours que je m’apprêtais à donner à l’Université du Temps libre d’Orléans, sous le titre « La condition humaine à l’époque numérique ». 

 

Quand, pour une raison ou une autre, s’interrompt le processus, qui s’accélère continûment, du travail et de la consommation et dans lequel nous nous sommes habitués à vivre, une constatation déprimante peut s’imposer à nous. Nous vivons, selon l’expression de Brecht reprise par Arendt, dans de sombres temps. Sombres parce que la lumière attendue du domaine public est éteinte, et que la parole ne dévoile pas ce qui est mais le recouvre d’exhortations rabaissant toute vérité au niveau d’une platitude dénuée de sens.

Nous ne comprenons pas l’époque dans laquelle nous vivons et le monde que nous habitons. Époque que nous ne savons pas nommer. Monde qu’il est pourtant essentiel de comprendre pour nous réconcilier avec lui et assumer notre responsabilité d’adultes et de parents. Pour, après leur avoir donné la vie, introduire les enfants dans le monde, et assumer la double responsabilité de leur développement et de la continuité du monde. Pour éduquer ces nouveaux venus de façon à conserver leur capacité à créer de nouveaux commencements et à remettre le monde en place.

Que faire dans une époque où les humains semblent divisés entre ceux qui croient que tout est possible et ceux pour qui l’impuissance est devenue l’expérience majeure de leur vie ?

S’inspirer de ceux qui nous ont précédé et en particulier de ceux qui ont vécu l’avènement de notre époque et de notre monde. Issus de l’évènement politique sans précédent des totalitarismes, de l’introduction dans l’artifice humain de processus cosmiques comme le nucléaire et de l’avènement de l’automatisation. Pour penser et comprendre le monde dans lequel nous habitons.

Parmi ces prédécesseurs, une femme, Hannah Arendt. Née juive allemande en 1906, exilée en France puis aux États-Unis, devenue américaine, elle eut le courage et l’intelligence de tenter dès 1951 de comprendre le totalitarisme puis, il y aura bientôt 60 ans, de penser la condition de l’homme moderne. Pour essayer de saisir la nature de la société au seuil d’une époque encore nouvelle et inconnue dans laquelle, avec ses contemporains, elle venait d’entrer. Époque dans laquelle nous vivons aujourd’hui.

Aujourd’hui

Nous vivons aujourd’hui une interruption sans précédent du « processus, qui s’accélère continûment, du travail et de la consommation et dans lequel nous nous sommes habitués à vivre ». Et cette interruption est à la fois douloureuse et bienvenue.

C’est donc bien le moment d’approfondir la question d’où nous en sommes en tentant de répondre aux deux questions déjà posées en octobre 2017 :

Travail entamé en octobre 2019 dans le cadre des cours et ateliers de l’association AHA (Autour de Hannah Arendt) autour de deux supports, le premier de cours, le second d’ateliers :

Travail interrompu le 17 mars 2020 avec la mise en œuvre en France du confinement.

Depuis cette date j’ai publié sur ce blog Actualité de Hannah Arendt deux séries d’articles :

  • Une série Pænser le monde autour de la lecture faite par Etienne Tassin du dernier chapitre de Condition de l’homme moderne de Hannah Arendt.
  •  Une série Coronavirus de liens, d’articles de presse et de quelques vidéos autour de la pandémie COVID 19 à l’origine de cet « arrêt du monde .

Cette double série permet : de regarder notre situation à la lumière de la pensée d’Arendt, étudiée et prolongée par Etienne Tassin ; d’interroger la pensée d’Arendt à la lumière de la situation unique que nous vivons.

Dans quelle époque vivons-nous ?

  • Dans une époque impossible à nommer, époque in-nomable parce que ne faisant pas époque ?

Quel monde habitons-nous ?

  • Un monde acosmique, sans souci de lui-même, un monde im-monde ?

Telles sont les hypothèses que nous allons explorer à l’aide de la pensée et du langage philosophiques d’Arendt, complétés par la pensée et le vocabulaire de Bernard Stiegler. 

Octobre 2016-avril 2018 : La condition humaine à l’époque numérique

J’ai tenté d’aborder globalement cette question dans le cadre des trois saisons de cours regroupés sous le titre La condition humaine à l’époque numérique.

Saison 1 :

Saison 2 :

Saison 3 :

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :