Ralentir
Je me rappelle distinctement mon dernier dimanche de libre circulation. J’avais passé une après-midi entière à planifier mes trajets du mois, clown triste jonglant entre billets d’avion, horaires de train, chambres d’hôte et agences de location de voiture. D’app défectueuse en mot de passe oublié, j’avais épuisé face à mes écrans tout le vocabulaire du capitaine Haddock. Dans un sursaut de lucidité, je réalisai combien ce mode de vie sautillant était absurde, insoutenable. Après dix mille ans de sédentarisation, l’humanité était revenue aux chasseurs-cueilleurs, l’insouciance en moins et les contrôles de sécurité en plus. Le MacBook en guise de sarbacane. Mais comment renoncer à tous ces impératifs: cours, conférences, recherches de terrain, week-ends à la campagne, visites de famille éparpillées de Londres aux Carpates?