Covid, création collective d’une dystopie

Publié le par Thierry Ternisien d'Ouville

Covid,  création collective d’une dystopie

Une abonnée de Mediapart, directrice de recherche au CNRS a publié sur son blog un texte remarquable sur la création collective d’une dystopie .

Mediapart ayant pris l’habitude de censurer les billets de blog ne respectant pas sa ligne éditoriale, je me suis permis de copier ce billet et de le publier sur mon propre blog.

Ci-dessous le lien vers l'article du blog. 

Les suspendus et les désactivés

Depuis ce début d'année, j'ai la sensation que nous pouvons nous réjouir d'être vraiment arrivés à créer collectivement une dystopie. Comme dans les romans qui décrivent ce type de société, la discussion est morte de la polarisation des opinions et d'une adhésion intellectuelle - muée en croyances - purement liée à l'appartenance de groupe.

bluejuliette

Directrice de Recherche au CNRS - économie et environnement

Abonnée de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il y a quelques semaines on a vu revenir, pour un instant fugace sur les chaînes grand public, un des scientifiques qui contestait en 2020 l'ampleur des mesures prises face à la réalité de l'épidémie : Laurent Toubiana. Habitué des épidémies, puisque son équipe de recherche coordonne le réseau « Sentinelles » depuis longtemps, on a du mal à croire que son point de vue soit totalement inintéressant. À l'époque il signalait qu'aucun indicateur, parmi ceux utilisés depuis des années pour surveiller les épidémies, n'a indiqué de problème hors norme lors de l'arrivée du SARS-Cov2 en France, tout était dans le domaine du gérable et aurait pu occasionner une réponse classique. « Classiques », ce sont par exemple les plans que sont capables de produire les cellules de crise des ministères, habituées à organiser le maintien de l'activité malgré des problèmes conjoncturels, et qui n'ont pas été beaucoup sollicité durant cette crise puisque ce sont plutôt des cabinets privés qui se sont chargés, avec assez peu de transparence, de définir les possibles actions publiques. En particulier, il était pour lui hors de toute raison de mettre à l’arrêt la vie sociale et familiale, générer la peur (quasi panique pour certains, encore aujourd'hui), détruire la vie économique et politique. Son discours n'a pas beaucoup changé, et il peut maintenant s'appuyer pour le justifier sur ses propres travaux d'analyse, ainsi que des rapports et articles qui confirment son point de vue[1].

 

[1] On pense en particulier au rapport de l'ATIH qui montre que les lits occupés en hôpital par des malades du covid a été de 2% en 2020 et 5% pour les réanimations, ce qui n'est pas forcément simple à interpréter, comme toute donnée agrégée (sur une année et sur tout le territoire) mais laisse à penser que le récit officiel catastrophique est très décalé par rapport à l'impact réel du covid sur l’hôpital en général mais était un problème nettement territorialisé.

De façon intéressante, cette information permet de faire un petit travail logique sur la « causalité complexe ». Si on peut attribuer la souffrance à l'hôpital à deux facteurs, dont l'interaction a posé un problème :

1. sous-dotation et épuisement des personnels à cause de l'installation réussie de la bureaucratie néo-libérale destructrice de bien commun depuis une trentaine d'années, dont on a entendu parler avec une certaine régularité à cause des mouvements sociaux hospitaliers

2. une maladie à mortalité assez faible et très bas risque de complication, sauf pour une population très spécifique - par chance principalement la population non productive du pays, qui pouvait donc réduire momentanément son activité sociale.

Si on supprime un des deux facteurs, lequel aurait le plus d'effet sur l'amélioration de la situation actuelle ? (vous prendrez soin de bien caractériser ce qui semble le « problème actuel », bien sûr, avant de répondre)

Piste supplémentaire d'analyse : si on réfléchit en terme de capacité pratique d'action humaine, est-il plus facile de résoudre 1. ou faire disparaître 2 ? Suivant ce qu'on sait de l'histoire des maladies, qu'on a rarement (très très très rarement) su éradiquer, on serait tenté de conclure que globalement les humains savent mieux régler les affaires humaines / organisationnelles que microbiologiques.

Conclut-on à un problème dans l'attribution de la cause à la maladie pour avoir instillé le chaos dans nos vies ? On peut refaire ce type d'exercice avec les épidémies de grippe mais aussi les canicules.

Quelques instants, j'ai pensé avec ma folle innocence que le monde « bougeait un peu ». Mais comme le discours de Laurent T. n'est toujours pas en cohérence avec la vérité officielle, il n'est pas resté très longtemps visible du grand public (sur YouTube, avec une recherche Google simple). On a pu voir des extraits de son intervention sur les fils twitter des plus politisés, qui sont toujours prompts à faire circuler les arguments qui les confortent. Il aurait pu se retrouver sur Odyssee, comme Alexandra Henrion-Claude depuis que sa chaine YouTube est disparue, ou aller travailler avec les gens de QG, qui ont laissé s'exprimer Laurent Mucchielli à plusieurs reprises après que Médiapart ait trouvé ait trouvé de bon goût de faire disparaître ses posts.

Car, c'est ce dernier Laurent qui le rappelle, la disparition de textes écrits par des chercheurs a été particulièrement importante pendant la dernière année (sur les blogs en particulier), et en sus des journaux français, les GAFA ont pu jouer le rôle de l'arbitre qui sépare le Vrai du Non-Vrai, en proposant des encarts préventifs quand un contenu est officiellement mis en doute ou en poussant jusqu'à des censures « hard » (disparition de contenu).

On ne fera pas la liste (en augmentation constante) des chercheurs (/ingénieurs, analystes statisticiens, médecins) qui ont fourni publiquement des informations contradictoires au narratif officiel, ni des réseaux à moitié clandestins qui se sont créés et font des analyses des données officielles pour les faire circuler ensuite. Il suffit de savoir que ces opposants savants sont nombreux, qu'ils sont plus ou moins interconnectés ou indépendants, plus ou moins visibles. À l'international, la lecture de la liste des signatures de la déclaration de Great Barrington permet de se rendre compte de l'ampleur de la réaction de personnes supposées bien informées et rationnelles, face aux politiques publiques simplistes et délétères[1] (2) (15 000 chercheurs et 46 000 médecins environ ont signé).

 

[1] Dont le check news de Libération, je tiens à rassurer tout le monde, dit bien qu'elle est « décriée par la communauté scientifique » - il va falloir qu'un jour les checkeurs nous disent qui est cette fameuse communauté qui construit des consensus scientifiques, car elle représente un des grands mystères de la période (dans un sens quasi religieux). Si on a pu connaître le GIEC plutôt méprisé dans les années 90, on l'a vu devenir ensuite une force scientifico-politique active incritiquable en une trentaine d'années, à mesure que les publications se sont amoncelées : ce groupe d'expert est-il une communauté qui crée du consensus ? Mais alors avant non, maintenant oui ? C'est compliqué... Il serait vraiment intéressant pour tous de savoir où est située cette « communauté scientifique » à autorité stable, qui semble connue des seuls checkeurs, de vulgarisateurs et de quelques médiateurs scientifiques.

 

Pourtant, si on cherche des informations sur la Covid, sur le SARS-Cov2, sur la vaccination, il n'est jamais possible de tomber spontanément, sur les réseaux sociaux, sur des informations contradictoires par rapport à une version officielle. Les mécanismes d'indexation Google sont plutôt éprouvés maintenant pour faire apparaître ou disparaître quelqu'un :c'est le mécanisme « soft » de « la censure GAFA ». C'est pratique puisqu'ainsi, quand on discute avec les amis, les voisins, on se demande sans cesse si l'on vit dans le même monde, si on comprend les mots de la même façon. Le pompon est souvent atteint quand, comme chercheuse qui travaille sur la crise, observe, théorise, vérifie, discute avec des collègues et connaît un peu l'état d'avancée des connaissances (ou au moins les formes de preuve et la répétition des observations, confirmations, etc...), on est facilement prise de haut lors des discussions.

Sur ce point, je me souviens de ma première expérience : quand j'avais voulu calmer un collègue de l'aïkido, très troublé par toute rencontre dans la rue qui ne nécessitait pas un mégaphone pour communiquer. Je lui avais expliqué que si le R0 était effectivement entre 2 et 3 à l'état naturel, le risque d'être infecté en devisant à un mètre devant la boulangerie alors qu'aucun des deux n'avait de symptômes, était particulièrement proche de 0. C'est une évidence pour qui travaille sur la diffusion : si le malade infecte si peu de monde sur 15 jours, c'est que chaque interaction banale n'est pas si risquée. Plus tard, cela a été confirmé par le fait que 40% des infections se faisaient à l'hôpital (estimations anglaises), et que le rôle (logique et anticipable) des super-disséminateurs a été mis en avant. On pouvait, à la veille du premier confinement, affirmer un risque très réduit à chaque interaction en extérieur, avec une marge d'erreur elle-même très réduite. Malheureusement, toutes les personnes qui avaient ce type de discours ont été inaudible, voire mises en doute comme dangereuses.

Et ce manque de confiance dans la parole de l'autre, même spécialiste, s'il n'était pas proche du discours officiel simpliste et alarmiste, n'a fait que s'accentuer dans le temps.

L'état de la discussion

De nos jours, trois points sont particulièrement difficiles à discuter. Ils sont inter-reliés de façon complexe, mais tout ne sera pas précisé ici. Ils sont en tout cas importants pour juger de l'acceptabilité de la situation politique et légale dans le pays.

1. Tout le monde n'est pas conscient du scandaleux refus de soin qui court depuis des mois et des mois - non seulement en 2020 avec les dénégations stupides concernant les divers traitements corrects, mais encore durant les vagues delta puis omicron, où les médecins obéissants ont confirmé leur adoration pour le doliprane (dont on sait qu'il est potentiellement dangereux en cas de Covid, et cette info n'est pas d'hier (?!)), tandis que les moins obéissants ont continué à être terrorisés par leurs institutions de surveillance s'ils avaient le mauvais goût de suivre des recommandations jugées comme satisfaisantes par une palanquée de médecins à l'international [1].

Le soin précoce - et surtout l'hcq ? Voilà un sujet qui vous assure le petit regard rigolard, léger mépris, et la disparition de toute capacité d'écoute de l'interlocuteur (qui peut aller jusqu'à préférer tourner les talons que risquer une infection cognitive plus dangereuse qu'un virus). Celui à qui on ne la fait pas sait alors que l'autre, l'idiote, inculte, illettrée, qui bafouille en face de lui, est manipulée par le Grand Complotisme International. J'ai plusieurs fois posé la question de savoir s'il est, donc, envisageable qu'un complot orchestré par les chercheurs publics partout sur Terre, génère plus de 300 publications sur le sujet, dont une bonne partie reconnaît que la trithérapie initiale de l'ihu serait suffisante pour une prise en charge qui réduit sérieusement le risque de complication. Ce n'est pas un « remède miracle », comme on se plaît à le répéter. Mais qui parle de remède miracle ? Quelqu'un qui croit que ça existe ! C'est bien le gogo des films de cowboys qui écoute, fasciné, le bonimenteur dont l'acolyte « paralytique » se remet à marcher, qui est en train de se moquer de moi.

Ce qui est épatant dans cette histoire, c'est que pour montrer l'efficacité des différents produits, on trouve des expériences formelles, des observations de cas, mais aussi des explications microbiologiques très claires, où le fonctionnement chimique des associations entre les molécules, à l'échelle de la cellule engorgée de virus. Tout est décrit en de nombreux points sur la toile, en particulier dans des journaux scientifiques mais aussi des séminaires scientifiques en français... depuis au moins l'automne 2020. On se souvient ici qu'une vérité scientifique a besoin de plusieurs sources explicatives, plusieurs preuves convergentes, pour devenir solide, donc cela devrait rassurer les individus qui demandent une preuve scientifique que d'observer que de nombreux chercheurs disent la même chose en passant par de nombreux chemins[2].

Ma réponse préférée est alors « pourquoi on nous cacherait ça ? ». Déjà, j'oserais dire que ce n'est « caché » que parce que c'est « montré négativement » par les checkeurs depuis le début. Pour qui n'a pas débunké l'ivermectine, inutile d'envoyer son CV à Médiapart. Qui n'a pas conspué Raoult[3] ne pourra pas signer un seul article dans Le Monde ou Libé. Pour ma part, je n'ai toujours pas compris comment on peut voir défiler autant de dénégations violentes et d'articles à charge, qui tournent en rond (même s'il y a d'indéniables innovations dans l'attaque ad hominem, apparaissant avec régularité), sans remarquer qu'il est rare qu'on nie quelque chose avec tant d'obsession et de systématicité – donc c'est surprenant et mériterait peut-être de s'arrêter sur le phénomène.

Si c'est tellement inutile, si ça ne marche pas, pourquoi passer du temps à en parler ? Si on a besoin d'interdire ou mettre hors AMM des produits sans effets secondaires si on les utilise suivant la notice : protégeons-nous la population contre des médecins fous qui ne visent pas le Bien ?Et finalement, les médecins, avec leurs études et leurs années d'expérience : sont-ils même capables de jugement ? Toutes ces questions sont abyssales. La seule chose qu'on sait, c'est que beaucoup de professions sont vidées de leur contenu ainsi, par dénégation centralisée de compétence (agressive ou sous-entendue) - les professeurs en souffrent beaucoup déjà, mais sûrement les policiers aussi vu leur taux de suicide depuis des années.

Ensuite, il me semble que savoir « pourquoi on cache » n'est pas une question à laquelle moi, chercheuse, je suis en mesure de répondre. Est-ce que ce ne serait pas, d'ailleurs, une question un peu complotiste ? Chercher la raison cachée des choses, c'est quasi-métaphysique. Personnellement, je sais plus ou moins comment les choses ont été dissimulées au grand public, par quels mécanismes, je sais même parfois qui voulait empêcher la circulation de l'hcq (grâce aux FauciLeaks). Par contre, il ne m'est pas venu à l'idée de me demander « pourquoi ? », même si je connais très bien certaines hypothèses qui circulent, vérifiables par bout, liées à la règlementation sur les autorisations d'usage et - surtout bien sûr - la responsabilité des industriels. Mais si l'intention relève clairement d'une ontologie du juridique, en parler scientifiquement, ça veut dire la rendre observable et mesurable, ce qu'elle n'est a priori pas encore à ma connaissance, même avec la neuro-imagerie.

 

[1] La justification donnée pour la Random Control Trial, contre les observations historiques, en mars 2020 étaient plutôt clairement dirigée contre Didier R., puisqu'il s'agissait de casser la tendance mandarinale de la médecine grâce à la « preuve ». Quelques scandales sanitaires plus tard (où les médicaments récents avaient sûrement été Randomiquement Contrôlés),  on pourrait se poser des questions sur l'efficacité des RCT sur le résultat médical, une fois qu'on aura estimé si oui ou non tout mandarinat a disparu dans les universités de médecine.

 

[2] J'avoue néanmoins que j'ai beaucoup de mal à classer « montrer l'efficacité d'un produit pour X » comme relevant d'une production « scientifique » mais plutôt d'une pragmatique d'ingénierie qui utilise des outils de mesures conçus dans le processus scientifique. Ceci n'est pas censé être disqualifiant, mais préciser que la science n'est pas présente dans n'importe quel exercice de mesure.

[3] Idiot bafouillant égotique harceleur dangereux menteur voire tricheur - lui, il n'a pas encore droit à « sénile », c'est réservé aux prix Nobel - à qui on néglige même d'offrir un hommage national digne de ce nom.

2. Il n'y a pas de mépris mais de l'incompréhension et de l'inattention si on parle du drame des médecins harcelés par les conseils de l'ordre, les ARS, puis des médecins suspendus par refus d'injection[1]. Déjà, ces gens sont totalement impossibles à classer puisque l'on nous a bien répété que les anti-vax sont des idiots qui ne savent pas signer leur nom. Je ne connais qu'un seul article de journal qui, après une petite enquête dans des manifestations, a signalé que la moitié des anti-vax interrogés avaient au minimum un master. Il s'agit de médecins, à qui on faisait hier confiance pour nous prescrire des médicaments, nous donner des conseils ou nous faire des soins – mais aujourd'hui ils ont perdu tous leurs diplômes et en savent, finalement, moins qu'un auditeur de France Info.

Avoir vu tant de gens perdre leur emploi en septembre, en particulier des gens en bas de l'échelle sociale, aide-soignante ou infirmière dont on connaît les salaires peu mirobolants, n'a gêné personne que les fameux antivax. Pas touchés par le fait que quelqu'un qui a choisi de soigner les autres parte faire caissière ou standardiste, dans une période où la pandémie rode et le manque de personnel est - nous dit-on - criant. Personne n'est touché par le sort de cette infirmière seule avec trois enfants et maladie auto-immune, qu'elle ne veut surtout pas réactiver - et donc ne souhaite pas se faire injecter un produit encore presque inconnu dans ses effets. On lui reprochera plutôt de ne pas participer à la grande expérience technologique internationale qui doit nous inspirer un élan vigoureux, une croyance indéfectible dans les forces du progrès. Le discours officiel parle de 15 000 soignants suspendus, mais les syndicalistes prétendent sur twitter qu'ils n'arrivent pas à connaître les chiffres au sein de chaque hôpital : l'estimation haute, régulièrement répétée « selon les manifestants » est plutôt 120 000.

Savez-vous d’ailleurs qu’un médecin hospitalier suspendu (donc : un fonctionnaire) ne peut pas avoir une autre activité rémunérée ? Finalement on en parle peu. Mais si les privés peuvent survivre en allant travailler à l’usine ou dans une boulangerie, les gens du public doivent carrément démissionner s’ils veulent manger. Les fonctionnaires ne sont donc pas écoutés quand ils sont dans les ministères, hauts fonctionnaires censément capable d'organiser la France (puisqu'on paie Mc Kinsey pour inventer la destruction du présent), mais ils sont les plus violemment réprimés s'ils s'opposent à une politique qui passe par-dessus un droit fondamental essentiel (choisir de ne pas participer à une expérience médicale).

On a même vu une femme lancer une grève de la faim : c'est à priori plus dangereux (de pas mal d'ordres de grandeur) que l'injection, et laisse vraiment percevoir la peur que cette femme ressent, et son manque de porte de sortie. Car maintenant on a peur de la maladie ou du vaccin, les deux mondes sont séparés. Les deux peurs ont des bases rationnelles, c'est maintenant bien établi et - par chance - concernent des comorbidités différentes. De façon intéressante, il est très difficile d'être reconnu comme « ne pouvant pas être vacciné », du fait des contre-indications déjà signalées par le fabricant. Ainsi, la recommandation « porter le masque en extérieur » (inutile depuis toujours) est-elle beaucoup plus suivie que « Respecter les contre-indications d'un vaccin expérimental ». On peut remercier le gouvernement de nous permettre d'observer une fois de plus que la violence politique arbitraire a un effe tpuissant sur la stupidité des comportements individuels.

On a vu des grèves, mais très loin, chez des personnes qui, colonisées historiques, ne sont pas écoutées comme des sujets raisonnables qui veulent éviter les cocktails de pollution après avoir vécu un mépris du même type que ce qu'on connaît aujourd'hui, mais suivraient une logique simplement « identitaires » (sans rire !). À une moins grande distance, on a vu des manifestations en août dans toutes les villes, où les personnels soignants étaient très présents - en 47 ans, en France-terre-de-manif, je n'avais jamais vu un mouvement social en août, et ce signal m'a semblé tellement massif que le désintérêt qu'il a suscité à gauche étonne encore plus que le mépris de cette même gauche pendant de longs mois contre les gilets jaunes.

Aujourd'hui, les services ferment un à un, les campagnes n'ont plus de médecins, et les soignants suspendus, pour certains, ne peuvent pas payer leur loyer : au lieu de blâmer un gouvernement abusif, il faut bien prétendre que les retards de diagnostics et les opérations repoussées sont la faute de quelqu'un d'autre. Après avoir désigné les enfants comme assassins potentiels de grand-mère, on a enfin trouvé un bouc émissaire de meilleur qualité - adulte donc vraiment blâmable sous toutes les coutures - le non-vacciné[2].

 

[1] Je simplifie le discours en ne parlant pas des autres soignants, mais ils sont inclus – « médecin » claque plus que la liste « médecin et infirmière et brancardier et aide-soignante et dentiste et sage-femme et... », comme si les phrases n'étaient pas déjà assez lourdes ici.

[2] Concernant les non vaccinés (qui sont mal définis, ayant 0 ou 1 dose « schéma non complet », mais jusqu'à deux doses – « sans booster » - dans les données hospitalières), il semble que le terme choisi par le Président, « emmerder », ne soit pas à la hauteur de sa capacité de nuisance actuelle. C'est une terreur qui est imposée à la part de la population désignée comme ennemi intérieur : une mort sociale, parfois économique, et dont l'adorable justification est d'être un petit peu moins immonde que les formes d'exclusion australiennes (ou autrichiennes, italiennes,...). Après ce long travail notre administration possède maintenant une bonne carte mentale, tracée par informatique (et hackable apparemment très facilement), de qui est gentil, aimable, obéissant, pas trop rebelle puisque finissant par céder, et qui constitue un ensemble d'opposants fermes potentiels. Les soignants applaudis, un peu plus tard ont le droit de se soumettre au viol d'état ou de se faire suspendre, laissant les citoyens sans soins : c'est un peu comme boucler une boucle où, en choisissant la place de la caméra, on peut attaquer le plus agressivement ceux qui portent a priori la solution. Hypothèse : leur savoir pratique était un peu trop gênant s'il fallait continuer à dissimuler les soins possibles. Ce que la terreur oublie, c'est que les gens qui disent avoir pleuré de rage et d'humiliation en se faisant injecter contre leur gré, eux, n'oublieront peut-être pas.

 

3. La discussion la plus pénible porte sur les effets indésirables (EI), et par rebond, l'existence sociale des antivax, toujours pris pour des idiots. Elle est pénible parce qu'elle est celle du dialogue de sourd le plus absolu, et que le seul mécanisme imaginable pour qu'un individu refuse de percevoir que ces effets sont forcément nombreux et légitimement inquiétants pour certains, c'est le manque de compassion.

On ne peut pas dire que l'information sur les EI ne soit pas accessible, tout est public et facile à trouver en deux mots-clefs sur le site ANSM (on a aussi beaucoup entendu parler de VAERS (US) et EMA (Europe)). Le fonctionnement de la pharmacovigilance est clair, et stable, ne change pas d'une année sur l'autre, et c'est assez simple de découvrir qu'en général, c'est un outil de grande sensibilité où un petit nombre de problèmes qui apparaissent après l'usage d'un médicament ou vaccin occasionne le réveil du principe de précaution - ce qui peut se traduire par un moratoire sur la commercialisation, jusqu'à plus ample information. Cet outil n'est pas parfait, sinon on ne parlerait pas encore du Mediator, mais quand il est utilisé il rend les doutes bien visibles. Comme il est bon de le rappeler, le principe de précaution a émergé face aux dégâts causés par le monde industriel, depuis les années 80. Il s'ajoute à la notion de risque, qui est calculable, et où on connaît donc déjà l'ensemble des événements négatifs et leur probabilité d'occurrence, pour, justement, prendre en compte des situations où « on a de bonnes raisons de croire » à un danger pour des humains / la nature mais où la preuve causale n'a pas été établie. On peut dire que la notion de risque est plutôt alliée à l'industrie, puisqu'elle nécessite que les problèmes aient déjà émergé pour qu'on les décrive, les évalue, imagine leur possible régularité d'occurrence : c'est un outil qui parle du passé des catastrophes, et ne permet donc pas de les éviter. À l'inverse le principe de précaution attaque directement la production industrielle puisqu'elle lui demande de faire preuve de son innocuité (dans ses pratiques ou ses produits) plutôt que d'attendre qu'un désastre mette fin à des pratiques problématiques. Il est bon de rappeler que l'application de ce principe dans le domaine de la santé date du scandale du sang contaminé, et qu'il était considéré comme un progrès à cette époque.

Face aux EI, chacun devrait pouvoir réagir en son for intérieur : il se trouve que nous connaissons tous les ans des campagnes de vaccination de masse, la grippe, et qu'on peut vérifier qu'elle n'a jamais un effet négatif de cette ampleur, alors qu'on est face à des maladies de dangerosité équivalente. Le nombre de morts et blessés déclarés à l'ANSM pour les injections covid est donc un signal hors norme, même si la preuve - toujours seconde - n'est pas encore faite. [1] Mais là encore, toute personne qui s'intéresse au monde industriel sait qu'il existe des méthodes éprouvées pour retarder l'établissement de la preuve – on appelle ça la « fabrique du doute » et ses technologies de dissimulation reposent sur la production d'un trop-plein d'informations contraires, l'attaque systématique des lanceurs d'alerte ou opposants au discours de vente, ou la mise en place de comité d'experts ad hoc - techniques très bien détaillées dans la littérature.

Ne pas s'inquiéter qu'un enfant devienne aveugle juste après son injection, se boucher les oreilles quand la prévalence de maladie dégénératives très rares se met à exploser (ou même se moquer des personnes qui témoignent de leur malheur), ignorer les descriptions effrayantes de règles passées de menstruelles à presque hebdomadaires ou simplement disparues (chez des jeunes femmes) ou saignements jamais vus (de femme ménopausées), ou encore accepter de croire qu'une myocardite ne laisse pas des traces qui réduisent l'espérance de vie : c'est finalement choisir l'ignorance des souffrances des autres pour son confort intellectuel. En effet, tous les effets secondaires à long terme qui peuvent être attendus, et ont été annoncés dès janvier- février 2021 – affaiblissement du système immunitaire face aux coronavirus, cancers ,maladie neurodégénératives, maladies auto-immunes - ont été doublés des effets moins prédits – thrombose diverses (dont avc), myo et péricardites, hypertension, , les problèmes génitaux, problèmes de vue, surdité, zona, ... Ceci est visible, sensible, et même si l'imputation n'existe pas encore (à part pour l’hypertension et la péricardite), les témoignages qui se multiplient, les voisins qui tombent d'un coup sans avoir le réflexe de se protéger avec les mains, tout ceci commence à se voir….

Les désactivés, ce sont ceux qui ont choisi de sortir du jeu à un moment, pour s'éviter un risque perçu comme démesuré (ceux qui n'y sont pas rentrés seraient les Non Activés ou Non A ?), et dont le passe ne marche plus à compter d'une certaine date. Ce mot choisi pour acter leur mort sociale semble si juste, par l'imaginaire robotique qu'il transporte : il participe peut-être plus encore à cette mise à distance de l'autre, nous plongeant dans une irréalité proche de la culture cyberpunk ou des fantasmes de mauvaise science-fiction, teintés d'un transhumanisme déjà ringard. « Désactivés » sont aussi les faux passes, on a entendu parler de 300 000 qui seraient ainsi rendus inopérants - ce qui veut dire en creux que ces faux passes sont légions et que les hackers réussissent à avoir encore un petit coup d'avance sur la surveillance numérique. Et si le passe n’est plus nécessaire quand la situation « s'améliore » (notion qui évolue en fonction des besoins), on est en droit de se demander s'il ne deviendra pas un outil discrétionnaire, à la fois dans sa définition (on pourra créer d'autres passes sanitaire ou citoyen, sur divers sujets, finalement) et dans sa mise en place dans des moments arrangeants (quatre mois chaque hiver où « certains » sont privés de vie sociale - sachant que l'interdiction d'accès concerne en partie des lieux financés directement par leurs impôts). On entend s’exprimer l’inquiétude qu'on passerait ainsi d'une société de droits à une société de devoirs, dans lequel notre corps est de façon permanente un objet soumis au bon vouloir d’un décideur – en contradiction avec les valeurs issues des Lumières.

Si les vétérinaires nous ont prévenu dès 2020 qu'aucun vaccin contre les coronavirus n'a jamais fonctionné (et pire : ils étaient trop dangereux dans la dynamique épidémique soit à cause du fameux phénomène ADE, soit parce que la vaccination en période épidémique face à un virus à ARN est un générateur de variants), c'est qu'ils voulaient prendre soin de nous. En méprisant leurs alertes, nous méprisons la Raison et la Connaissance, qu'on nous vend pourtant comme principes fondateurs de notre société. En appelant « solidarité » le fait qu'un enfant de 5 ans devienne cobaye d'une expérience internationale hors cadre pour « sauver sa grand- mère » (après avoir été un potentiel assassin), on montre qu'on a perdu toute décence.

Se demander si la « désactivation », fatalement arbitraire, est un paradigme d'organisation sociale qui va nous mener vers une démocratie plus solide est, à ce stade, une question rhétorique : il est évident que non. Plus douloureux, on peut se demander (et beaucoup formulent cette interrogation existentielle) s’il sera possible de partager des espaces démocratiques avec des voisins dont on a vu qu’ils n’ont aucune compassion pour l’autre, se fichent de l'intégrité d'autrui, et de ses émotions (qui sont devenus pour certains des signes de faiblesse ou de bêtise), se désintéressent des droits fondamentaux.

 

[1] Ces éléments ne sont pas impossibles à vérifier, et amènent à une interrogation sincère : ceux qui prennent des positions publiques majeures en ce moment (spécialiste du sida - président du conseil scientifique ; responsable pendant la crise du sang contaminé - président du conseil constitutionnel) font-ils exprès d'ignorer ce principe en participant activement à une vaccination de masse sans détail qui rappelle le traitement du bétail, ou sont-ils inconscients des points communs avec une situation qu'ils ont déjà rencontrée ?

 

Capitalisme industriel et cynisme

On comprend bien qu'il existe des mécanismes informationnels dans le monde industriel pour pousser à l'ignorance des risques pour les populations. Et plus les outils semblent à haut rendement financier ou à grand intérêt militaire, plus les moyens de la propagande sont puissants(comme pour le nucléaire). Le discours public majoritaire semble suggérer qu'analyser et assumer les risques revient à refuser le progrès humain, comme si courir au plus vite est nécessaire, et agir est toujours « meilleur » qu'observer et apprendre. Pourtant, à titre individuel, on peut dépasser ce conditionnement. Face à la détresse de ceux qui ont peur des effets indésirables, c'est notre capacité de reconnaissance de « l’autre » qui est en jeu - c'est chacun de nous qui choisit de ne pas prendre en compte des appels à l'aide, ou de disqualifier (sans vraiment bien comprendre) les arguments qui vont contre la foire à la piqure. La tendance semble être « je n'ai pas connu d'effet indésirable, je suis donc puissant. Que les gens moins forts que moi se débrouillent eux-mêmes ». C'est ce que j'appelle volontiers le manque de compassion mais j'y reconnais également une forme de culture viriliste, pseudo-darwinienne, très valorisée dans le cadre de l'État-Nation, qui voudrait qu'il est de bon ton de ne pas avoir peur quand on est envoyé au front. C'est d'autant plus étrange que la plupart des injectés par l'un ou l'autre des produits en circulation admettent des effets puissants sur eux-mêmes, parfois un ou deux jours sans pouvoir travailler : qui connaît ça avec les vaccins habituels ? L'observe-t-on souvent ? Est-ce rassurant face à une technologie jamais  testée en population générale ? Mais ces effets sont d'apparence réversible puisque la fièvre disparaît, la douleur au cœur s'estompe, les plaques rouges disparaissent, les ganglions décroissent. Tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes.

De tout cela, Pfizer (et pas que) se fiche un peu. Son modèle industriel est magistral : après avoir été subventionné pour l'adaptation d'une technologie déjà existante, ses tests d'innocuité ont été minimalistes et sont maintenant pris en charge par les États qui font, sur leurs populations, un essai de taille inespérée. Sans responsabilité directe[1] (9), Pfizer va en plus pouvoir vendre du viagra si les prostates s'abiment, d'autres des technologies reproductives si les problèmes d'infertilité se confirment, et les prédictions de maladies auto-immunes ou les cancers laissent à présager que les industries privées du médicament seront encore solides dans des années. On le sait, le Capitalisme n'est pas dévoué au progrès humain ou à notre Bien, l'État n'a pas vocation à nous protéger : seul le cynisme est de mise lorsqu’il s’agit d’accumuler pouvoir et argent. Ainsi, les citoyens sont plus utiles de nos jours s’ils se cantonnent à leurs rôles d’esclaves et de consommateurs captifs, paradigmes du monde capitaliste. Finalement, que l'on perde la capacité de dialogue au sein du public, ça ne dérange pas ceux qui nous gouvernent, et la capacité à créer l'indifférence et la division semble elle aussi relever d'une pratique maintenant normée industriellement.

D'un certain point de vue, La Science, convoquée en veux-tu en voilà dans le discours public, ne se plaindra pas non plus des déficits de discussion démocratique : puisque l'expérience sauvage est en marche, nous saurons plus dans un an, et deux, et trois, des risques de ces produits qui devaient être des vaccins. Une question peut demeurer : fallait-il en arriver là ? N'avions-nous réellement aucune capacité à apprendre collectivement de l'histoire – comme la crise de la grippe H1N1 –, de la science déjà accumulée (sous forme d'articles disponibles et vérifiables, vérification que presque personne ne fait plus, même dans le monde académique, devenu un espace de positionnement, d'auto-valorisation et de compétition à tout crin, plus que de construction de savoir).

Par exemple : beaucoup de personnes sachant lire des statistiques ou connaissant les probabilités sont-elles allées vérifier (pour s'amuser un peu) comment Pfizer avait démontré l'efficacité de son produit ? Si chaque personne qui en est capable avait effectivement utilisé son jugement, alors les 95% annoncés n’auraient peut-être pas pu être considérés comme une donnée sérieuse, ni l’argument de l’ « efficacité »utilisé pour justifier une vaccination de masse. Et que dire du travail sur l’innocuité ? On pouvait découvrir beaucoup de choses intéressantes sur les méthodes de démonstration apparemment « acceptables » en médecine, très éloignées de l’idéal démonstratif qu’on nous vend à la télé. Et tout ceci est sans compter la révélation du Pfizer Gate, qui faisait tomber tout l’édifice expérimental par terre (mais n’a plus intéressé personne). On aurait pu éviter les fameux « effets de cliquet » qui font qu’une fois une règle en place, on peut toujours dire que ce qui l’a motivé est obsolète, il est très difficile de la faire disparaître.

Un étonnement permanent est qu'on doit alors constater que l'éducation supérieure a produit une grande quantité d'individus qui se prétendent rationnels mais ne vérifient rien par eux-mêmes, ni ne considèrent qu'une question complexe demandera un certain travail avant de juger. Celles et ceux qui, depuis des années, avancent que l'éducation contemporaine pousse plus à l'obéissance qu'à exercer son sens critique, et considèrent l'École comme une simple machine à trier entre les valets et les opprimés, doivent être assez satisfaits de voir leurs hypothèses confirmées.

 

[1] Ce qui signif e que même les effets indésirables seront pris en charge par le contribuable, ce qui est – à l’échelle de l’Europe – abyssal. Une très intéressante discussion sur l’état de la connaissance sur les contrats actuels avec les fournisseurs de vaccin et le classique « privatisation des gains et socialisation du risque » est à suivre ici – âmes sensibles s’abstenir : https://crowdbunker.com/v/XtNtmwE3Vb. On y apprend par exemple que les indemnisations pour les victimes d’effets indésirables de la vaccination H1N1 n’ont toujours pas été versées.

 

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