Éloge de la liberté par François Sureau
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L'avocat et écrivain François Sureau, né en 1957, fervent défenseur des libertés publiques et détracteur de l'autoritarisme d'État, a été reçu jeudi 3 mars à l'Académie française. Il o...
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Mesdames et Messieurs de l’Académie,
Avant de m’asseoir parmi vous, suprême récompense des talents incertains d’eux-mêmes, laissez-moi rester quelques instants debout parmi les vivants et les ombres. Aux vivants je dois ce remerciement que je ferai tout à l’heure. Quant aux ombres, je voudrais faire apparaître, bien sûr, celle de La Fontaine, qui fut un moment avocat à Paris et reste à jamais le plus vivant d’entre nous, lui qui dormait vingt heures sur vingt-quatre et ne se réveillait que pour la poésie et pour l’amour ; mais l’ombre aussi de Chateaubriand exposé pour toujours au silence et au vent de la mer, et celle de Deniau revenant du Panshir, et celle de Jean d’Ormesson parlant d’Augustin avec Ayyam Wassef, et j’étais ébloui, et cet éblouissement n’a pas cessé. Je m’en serais voulu d’annexer ainsi, à l’instar d’un député des candidatures multiples, d’autres fauteuils que le mien, si je ne m’étais souvenu que l’Académie, c’est une Compagnie dans laquelle on entre, et non une circonscription dont on hérite. Qu’elle soit aussi la Compagnie des morts a tout pour me réjouir. Plus qu’à Barrès, dont le délire antisémite ne parvient cependant pas à faire oublier ni ce qui l’unissait à Proust, ni l’amour d’Aragon, je pense aujourd’hui à Hugo, qui a souffert pendant vingt ans