La réduction à l’espèce (des humains pluriels) se déploie sur le double mode d’une destruction de la personne humaine et d’une désolation du monde humain (4 avril 2020)
De l’analyse arendtienne de l’institution concentrationnaire, nous pouvons retenir que la réduction (des humains pluriels) à l’espèce se déploie sur le double mode d’une destruction de la personne humaine et d’une désolation du monde humain.
Parce qu’il n’y a de personnes que pour un monde et par lui, parce qu’il n’y a de monde que pour des personnes et par elles, il n’y a de « dignité humaine » que dans la rencontre des singularités personnelles (qui est-on) qui forment un monde.
Destruction et désolation procèdent donc chacune activement à une indignation (au sens actif) des hommes, l’indignation de la personne ruinant toute promesse d’un monde commun, celle du monde commun faisant avorter l’advenue de la personne.
Le concept de « dignité humaine » rend compte du lien politique qui unit constitutivement la singularité politique, éthique et ontologique de la personne à la communauté des hommes liés ensemble par l’appartenance commune à un même monde façonné de concert. Car « le respect de la dignité humaine implique que l’on reconnaisse les autres hommes ou les autres nations au même titre que soi comme des sujets, comme des bâtisseurs de mondes ou comme les cofondateurs d’un monde commun ».
La dignité humaine n’est pas un trait de l’homme isolé : on ne saurait bâtir un monde entièrement seul ; il faut pour cela l’action commune des hommes au sein des nations et celle des nations se concertant. La dimension de l’œuvre doit donc être reprise dans celle de l’agir.
La dignité de la personne singulière est indissociable de l’instauration d’un monde commun avec les autres. Inversement, la destruction de la personne humaine est ipso facto désolation du monde et de la communauté, tout comme la désolation du monde est ipso facto destruction de la personne humaine.