Le port du masque au Vietnam : témoignage
J'ai demandé à mon frère Bertrand, en voyage au Vietnam dans la famille de sa femme Martine, de témoigner sur le port du masque et plus largement sur l'approche au Vietnam de la pandémie COVID 19.
Mon premier voyage au Vietnam remonte à 2016. Arrivé à HCMV, mon étonnement fut grand en voyant quasiment tous les vietnamiens porter un masque en tissu notamment en scooter. Au bout de quelques jours passés à HCMV, à cause de la pollution j'adoptais la même attitude. J'achetais donc mes premiers masques en tissu.
Lors de mon deuxième voyage, je ne me posais plus la question, cela était devenu automatique. Dans les grandes agglomérations et en scooter, je portais le masque.
En 2020, dès la descente d'avion je remarquais, notamment dans les fortes concentrations de personnes, que quasiment tous les vietnamiens portaient un masque et pas uniquement en scooter. Nous étions le 27 février Les écoles étaient fermées depuis le 8 février ( fin des vacances du Têt), malgré le peu de cas de Covid19 constatés, moins de 15 à cette date.
Le lendemain de notre arrivée, nous rencontrons quelques membres de notre famille, ils nous « offrent » un masque en tissu et un flacon de gel hydro alcoolique. Nous commençons à prendre conscience de la situation.
Les chauffeurs de taxi, lors de nos nombreux déplacements, portent quasiment tous un masque simple à usage unique. A l'entrée de la plupart des magasins, prise de température, pulvérisation de gel hydro alcoolique et bien sûr, port du masque des différents personnels et des clients. Le port du masque est obligatoire dans tout espace public. Tout le monde se plie facilement à tous ces gestes barrières. Maintenant pour nous il est inconcevable de sortir sans masque. Lorsque nous sommes dans un véhicule de notre famille nous sommes tous « masqués ». Dans la rue nous portons aussi le masque même si, dans des rues moins fréquentées, j'ai tendance à l'enlever pour respirer plus facilement, au Vietnam, il fait chaud. Mais dès que je croise un passant je le remets. Devant chaque distributeur de billets, il y a un flacon de gel hydro alcoolique. Les restaurants et beaucoup de Street food ne sont pas à la traîne non plus. Beaucoup portent des gants pour confectionner les plats et pour nous servir.
J'ai expliqué à notre famille la situation en France. J'ai montré des photos notamment des personnels soignants français, de leur manque d’équipements. Au travers des différents articles de presse partagés avec eux, ils sont conscients de la situation française, du manque de matériels, du nombre de cas, du nombre de décès. Ils ne comprennent pas pourquoi on est dans cette situation. Pour eux le débat sur le port du masque est hallucinant et incompréhensible. Mais malgré tout, ils sont beaucoup plus dans l’empathie que dans le jugement.
La prévention contre le Covid 19 est présente partout. En ville de nombreuses affiches de « propagande » jalonnent les rues, rappelant avec un graphisme tout vietnamien, les gestes barrières à mettre en place. Certains youtubers ont fait des clips visionnés dans le monde entier. Le Covid 19 est très présent dans les esprits vietnamiens. Ils acceptent facilement le confinement. Ils sont conscients que c'est grâce à toutes ces mesures que le Covid 19 ne progressera pas. Au Vietnam, le poids de l’État est très fort. Dès le début, fermeture de la frontière avec la Chine le 1er février et avec les autres pays le 22 mars. 1er avril, confinement. Dès les premiers cas recensés, isolement des personnes infectées, recherche de tous les contacts, isolement et quarantaine. Résultat à aujourd’hui : 268 cas dont 198 guéris et aucun décès.
Le Vietnam a fait passer en premier la sécurité sanitaire de son peuple. Tous les moyens de l’État ont été mis en place. Et dans le même temps il met en place un plan de relance économique. Une communication claire, sans fausse note, permet aux vietnamiens d’être en accord avec cette stratégie, sans état d’âme. Sur ce sujet, l'ensemble des vietnamiens a confiance en ce gouvernement. « La patrie est en danger », et comme par le passé, les vietnamiens arriveront à gagner.
Plusieurs raisons nous ont poussé à ne pas rentrer par le dernier avion affrété par l'ambassade le 6 avril, notamment des raisons de sécurité sanitaire à Roissy et en France. Ne souffrant d'aucune pathologie particulière et notre visa expirant le 26 mai, nous nous sentons plus en sécurité au Vietnam. Il resterait encore 300 « touristes » français au Vietnam.
La seule inquiétude que nous ayons, concerne tous nos proches en France.
Un autre sentiment grandit en moi :
La colère, une colère froide, une colère structurante, j’espère, contre ce gouvernement français calamiteux. Une colère qui, dès mon retour, me donnera la motivation et la force de tout mettre en œuvre pour les « foutre dehors ».
# Nous n'Oublierons Pas.