Vers un fil d'Ariane : A

Publié le par Thierry Ternisien d'Ouville

Début d'exploration de la matière à transformer en fil d'Ariane : Adorno, Anders

Ajout d'Antelme et Appelfeld

 

Robert Antelme (1917-1990)

L'espèce humaine (1947)

« Il y a deux ans, durant les premiers jours qui ont suivi notre retour, nous avons été, tous je pense, en proie à un véritable délire. Nous voulions parler, être entendus enfin. (…) Et dès les premiers jours cependant, il nous paraissait impossible de combler la distance que nous découvrions entre le langage dont nous disposions et cette expérience que, pour la plupart, nous étions encore en train de poursuivre dans notre corps.(…) Nous avions donc bien affaire à l’une de ces réalités qui font dire qu’elles dépassent l’imagination. Il était clair désormais que c’était seulement par le choix, c’est-à-dire encore par l’imagination que nous pouvions essayer d’en dire quelque chose. J’ai essayé de retracer ici la vie d’un kommando (Gandersheim) d’un camp de concentration allemand (Buchenwald). » (Avant-propos de 1947.)

Trois parties : Gandersheim. La route. La fin.

Aharon Appelfeld (1932-2018)

Histoire d'une vie (1999)

Comment un enfant ayant tout perdu peut-il survivre plusieurs années dans les sombres forêts ukrainiennes ? Aharon Appelfeld a dix ans lorsqu’il s’échappe du camp. Sa longue errance le conduira, quatre ans plus tard en Palestine. Plongé dans le silence depuis le début de la guerre, il apprend une nouvelle langue. « Ce livre n’est pas un résumé, mais plutôt une tentative, un effort désespéré pour relier les différentes strates de ma vie à leur racine. Que le lecteur ne cherche pas dans ces pages une autobiographie structurée et précise. Ce sont différents lieux de vie qui se sont enchaînés les uns aux autres dans la mémoire, et convulsent encore. Une grande part est perdue, une autre a été dévorée par l’oubli. Ce qui restait semblait n’être rien, sur le moment, et pourtant, fragment après fragment, j’ai senti que ce n’étaient pas seulement les années qui les unissaient, mais aussi une forme de sens. »

Le garçon qui voulait dormir (2010)

Erwin a 17 ans. Au sortir de la guerre, il se retrouve après une longue errance en Europe, près de Naples, au cœur d’un groupe de réfugiés apatrides. Il a tout perdu : père, mère, langue, environnement familier, et émerge peu à peu du sommeil auquel il a recours pour faire revivre tout un pan de sa vie désormais anéantie. Enrôlé, avec d’autres jeunes gens de son âge, par un émissaire de l’Agence juive, il se prête à l’apprentissage intensif de l’hébreu et à l’entraînement physique, quasi militaire, que celui-ci leur impose chaque jour pour les préparer à une nouvelle vie dans l’État d’Israël sur le point de naître. Vient le temps de la traversée en bateau, de l’immigration clandestine (la Palestine est encore sous mandat britannique) et de l’arrivée dans les montagnes de Judée, où les jeunes pionniers sont affectés à la construction de terrasses agricoles. Erwin, comme tous ses camarades, accepte de changer de prénom il s’appelle désormais Aharon…

Vers un fil d'Ariane : A
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Theodor W. Adorno (1903-1969)

Minima moralia. Réflexions sur la vie mutilée (1951)

« Le triste savoir dont j’offre ici quelques fragments à celui qui est mon ami concerne (…) la doctrine de la juste vie. (…) C’est le cinquantième anniversaire de Max Horkheimer, le 14 février 1945, qui m’a fourni l’occasion d’entreprendre la rédaction du présent ouvrage. (…) Si les fragments qu’on trouvera ici réunis ne sont guère à la mesure d’une philosophie, dont ils ne sont pourtant eux-mêmes qu’un fragment, cela tient à la tentative même dont procèdent les Minima Moralia, qui est d’exposer les éléments d’une commune philosophie en partant de l’expérience subjective . »  (Dédicace, p. 9-15)

Amorbach et autres fragments autobiographiques (1967)

Ces quatre récits à caractère autobiographiques, les seuls qu’Adorno a choisi de rééditer de son vivant, ont en commun de lier des souvenirs personnels à des paysages familiers du philosophe et de les rassembler sous le signe d’un nom de lieu, prisme cristallin qui décompose le spectre des expériences qu’il y fit : Amorbach (1966), Sils-Maria (1966), Mémorial de Lucques (1963), Vienne (1967).

Günther Anders (Stern) (1902-1992)

L'Obsolescence de l'homme. Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle (1956)

« Non seulement ce volume que j’ai achevé il y a maintenant plus d’un quart de siècle ne semble pas avoir vieilli, mais il me parait plus actuel aujourd’hui. (…) Ces observation n’étaient pas des pronostics mais des diagnostics. Les trois thèses principales : que nous ne sommes pas de taille à nous mesurer à la perfection de nos produits ; que ce que nous produisons excède notre capacité de représentation et notre responsabilité ; et que nous ne croyons que ce qu’on nous autorise à croire – ou plutôt ce que nous devons croire, ou plutôt ce qu’il faut que nous croyions –, ces trois thèses fondamentales sont devenues malheureusement, à l’évidence, plus actuelles et explosives qu’elles ne l’étaient alors en raison des risques encourus par notre environnement dans le dernier quart de ce siècle. » (Préface de 1979 à la cinquième édition).

Sur la honte prométhéenne. Le monde comme fantôme et matrice, considérations philosophiques sur la radio et la télévision. Être sans temps, à propose de la pièce de Becket, En attendant Godot. Sur la bombe et les causes de notre aveuglement face à l’apocalypse.   

Hiroshima est partout (1982)

« Pas plus que le constat dont il traite, le titre de ce livre ne date d’aujourd’hui : il provient de mes « Thèses sur l’âge atomique », formulées en 1959. À l’époque, l’expression était peut-être encore une exagération. Mais maintenant elle est devenue vraie :  ce n’est pas qu’elle soit encore vraie aujourd’hui, mais qu’elle est pleinement vraie seulement aujourd’hui. (…) Ces textes rédigés il y a environ vingt ans appartiennent donc à la préhistoire, c’est-à-dire à la première phase du mouvement antinucléaire. (…) (…) Ce qui frappe d’abord (…) c’est que l’expression « troisième guerre mondiale » est entre-temps arrivée sur toutes les lèvres, parce que tout le monde attend bien une guerre prochaine ; cela va même de soi, autant que la prochaine saison théâtrale. » (Introduction de 1982)

L’homme sur le pont. Journal d’Hiroshima et de Nagasaki (1958). « Hors limite » pour la conscience. Correspondance avec Claude Eatherly, le pilote d’Hiroshima (1959-1961). Les Morts. Discours sur les trois guerres mondiales (1964).

La menace nucléaire. Considérations radicales sur l’âge atomique (1981)

Le danger mondial que décrivait en 1972 la première édition de ce livre est, pour Anders, toujours aussi aigu en 1981qu’il l’était en 1958, date du plus ancien des articles de cet ouvrage mais « ce qui est fondamentalement nouveau dans la situation actuelle, c’est le fait (..) que les enfants de ceux qui, il y a vingt ans ont spontanément rejoint les marches organisées par le « Mouvement anti-nucléaire » ont été éloignés du problème de la guerre nucléaire par le problème nucléaire lui-même. (…) C’est à la jeune génération des « verts » (…) que je dédie, sans le moindre jeu de mots cynique sur l’immaturité de ce qui est encore vert, la seconde édition de ce livre qui malheureusement ne vieillira jamais. » (février 1981)

L’avenir pleuré d’avance (1961). Le saut (1958). Sur la responsabilité aujourd’hui (1959). Meurtre nucléaire n’est pas suicide (1959). Immoralité à l’âge atomique. Mise en garde pendant une accalmie (1959). Thèses pour l’âge atomique (1959). Les racines de l’aveuglement face à l’apocalypse (1962). Minimisation. Ses méthodes (1962). Le serment d’Hippocrate. Considérations relative à la question d’une « grève des produits » (1963).  La plus monstrueuse des dates (1967). Le délai (1960). Annexe. Dix thèses pour Tchernobyl (1986).

L'Obsolescence de l'homme. Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle (1980)

« Ce deuxième tome de L’Obsolescence de l’homme est (…) une anthropologie philosophique à l’époque de la technocratie. Par « technocratie », je n’entends pas la domination de technocrates (…) mais le fait que le monde, dans lequel nous vivons et qui décide au-dessus de nous, est un monde technique. (…) dans l’état du monde dit « technique », le procès de l’histoire continue, mais c’est la technique à coté de laquelle nous ne sommes plus désormais que des êtes « co-historiques », qui en est devenue le Sujet. »(Préface de 1979).

Introduction. Les trois révolutions industrielles (1979). L’obsolescence des apparences. L’obsolescence du matérialisme (1978). L’obsolescence des produits (1958/1979). L’obsolescence du monde humain (1958/1961). L’obsolescence de la masse (1961). L’obsolescence du travail (1977). L’obsolescence des machines. I (1960). L’obsolescence des machines. II (1969). L’obsolescence de l’anthropologie philosophique (1979). L’obsolescence de l’individu. L’obsolescence des idéologies (1978). L’obsolescence du conformisme (1958). L’obsolescence de la frontière (1979). L’obsolescence de la sphère privée (1958). L’obsolescence du décès (1979).  L’obsolescence de la réalité (1960). L’obsolescence de la liberté. L’obsolescence de l’histoire. I. La technique comme sujet de l’histoire (1978).  L’obsolescence de l’histoire. II. L’obsolescence de la modernité (1978). L’obsolescence de l’histoire. III. Le monde comme sirène (1978). L’obsolescence de l’imagination (1955). L’obsolescence du « Bon » (1979). L’obsolescence de l’espace et du temps (1959). L’obsolescence du sérieux (1968). L’obsolescence du sens (1972). L’obsolescence de l’utilisation (1979). L’obsolescence du « ne-pas-être-capable » (1975). L’obsolescence de la méchanceté (1966). Réflexions méthodologiques à postériori (1979).

Le temps de la fin (1960)

Ce texte souligne ce que signifie pour les citoyens du monde le fait d’être « définitivement dans le temps de la fin » : « dans cette époque où nous pouvons provoquer la fin du monde – « Définitivement » signifie que le temps qui nous reste est pour toujours le temps de la fin : il ne peut plus être relayé par un autre temps mais seulement par la fin. »

Nous, fils d'Eichmann (1964-1988)

Deux lettres ouvertes adressées en 1964 et 1988 au fils d’Adolf Eichmann

Lettre ouverte à Klaus Eichmann (1964). La double perte. La plus grande perte.  Sans respect, pas de deuil.  Seul celui qui respecte peut être respecté. Le monstrueux. Le monde obscurci. Les règles infernales. Mais c’est ce qu’il avait visé. La chance de ne pas réussir. L’exploitation du décalage. Le monstrueux et les victimes. Six millions un. Le rêve des machines. Nous sommes des fils d’Eichmann. Le nouveau père est le même que l’ancien. La chance. P.S. Seconde lettre à Klaus Eichmann (1988).

Vue de la lune. Réflexions sur les vols spatiaux (1970)

« Cet écrit (…) est la compilation de réflexions que j’ai consignées pendant que divers vols spatiaux se déroulaient au-dessus de nous. J’ai écrit les premières de ces observations il y a huit ans à l’époque où les cosmonautes soviétiques Nikolaïev et Popovitch se sont rencontrés pour la première fois dans l’espace. La seconde série de commentaires et de réflexions, incomparablement plus étendue, a été écrite plus tard, à l’époque des orbites autour de la Lune et des alunissages américains, c’est-à-dire dans les années 1968 et 1969. Aujourd’hui en mars 1970, le vol d’Apollo 13  est encore à venir mais, au moment où ces observations seront publiées il appartiendra au passé.

Héros et ignorants. Feuilles choisies tirées du journal tenu pendant le vol spatial soviétique (août 1962). Vols spatiaux (1969-1970). I. Nous sommes plus petits que nous-mêmes. II. La Terre se rencontre elle-même. III. Le culte collectif du phallus. IV. Images. V. Annulation de l’espace. VI. Pseudo-religion. VII. Théorie de l’objet. IX. Mise en garde contre la précision.  Annexe. À propos de Werner von Braun

Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j'y fasse ? (1977)

Entretien paru en 1977 dans La destruction d’un avenir, un livre d’entretien réalisé par Mathias Greffrath avec des personnalités ayant quitté l’Allemagne en 1933.

« Le courage ? Je ne sais rien du courage. Il est à peine nécessaire à mon action. La consolation ? Je n’en ai pas encore eu besoin. L’espoir ? Je ne peux vous répondre qu’une chose : par principe, connais pas. Mon principe : s’il existe la moindre chance, aussi infine soit-elle, de pouvoir contribuer à quelque chose en intervenant dans cette situation épouvantable dans laquelle nous nous sommes mis, alors il faut le faire.

La Haine ( 1985)

La Haine à l’état d’antiquité est un des derniers textes qui ait été publié du vivant d’Anders comme ouverture d’un recueil de contributions de plus de vingt auteurs publié en 1985 sous le titre La Haine. Puissance d’un sentiment indésiré. Essai qui devait à l’origine figurer dans le troisième volume de L’Obsolescence de l’homme qui n’a jamais vu le jour.

Premier fragment. Pensées préalables. Deuxième fragment. L’appétit vient en mangeant. Troisième fragment. Les chers artilleurs.

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