Ce matin-là il était heureux

Publié le par Thierry Ternisien d'Ouville

Ce matin-là il était heureux, pour la première fois depuis longtemps. Au milieu du chaos ambiant il voyait se dessiner pour lui une ligne claire. Où le mènerait-elle peu importait. Il allait à l'abri du bruit du monde, sans l'ignorer totalement, poursuivre son chemin de pensée et retrouver la voie de l'âme, de l'esprit.

Il allait rassembler ses fragments de mémoires, de lectures et d'écrits comme il avait rassemblé ses instantanés photographiques, ses instants d'année.

En parallèle il allait poursuivre sa recherche autour du thème de panser le monde et ses blessures. En explorant quatre voies. Les deux premières bien entamées autour de Hannah Arendt et Bernard Stiegler. Les deux suivantes juste ébauchées autour de Lacan et de Guillemant.

Il allait aussi continuer à rassembler dans sa bibliothèque les témoignages des blessures infligées au monde et aux hommes par le totalitarisme et sa résurgence multiple actuelle : romans, journaux et essais. 

Il allait se faire aider par les systèmes experts abusivement appelés Intelligence Artificielle pour dresser une chronologie de l'espace de temps dans lequel s'était inscrite sa vie et les lieux qu'il avait connus.

Enfin, tant qu'il le pourrait, il vivrait disponible aux autres et au monde dans le calme et la douceur d'une vieillesse partagée avec l'amour de sa vie.

Ce matin-là il était heureux

Publié dans Fragments

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